La canne à sucre, cette grande herbe tropicale, a pour origine la Nouvelle-Guinée et les îles avoisinantes, où d'abord sauvage, elle fut certainement cultivée plus de 1000 avant J.-C. Suivant les routes des migrations humaines, elle se propage vers l'Inde puis la Chine.
Vers 400 avant J.-C., des compagnons de voyage d'Alexandre le Grand racontèrent qu'il existait en Inde un roseau qui produisait du miel sans l'aide d'abeilles.

Au VIème siècle avant J.-C., l'Inde est envahie par les Perses qui en rapportent la canne à sucre et les procédés d'extraction du sucre brut. Ils cultivent la canne en Mésopotamie et pendant plus de 1000 ans, ils gardent le secret de l'extraction du sucre.
Ils peuvent même faire valoir le fait d'avoir trouvé les premiers un procédé pour transformer le sucre brut impur en un sucre relativement pur et blanc pour l'époque;  pour cela, ils le lavaient et le cristallisaient consécutivement et y adjoignaient du lait de chaux.

En bataillant contre les Perses près de Bagdad, en 637 après J.-C., les Arabes découvrent ce produit de grande valeur. Ils rapportent la canne à sucre et commencent à la cultiver dans les pays méditerranéens qu'ils occupent : en Egypte, dans la Vallée du Nil, en Palestine, autour du Jourdain. Puis elle arrive en Syrie, en Afrique du Nord, à Chypre, Rhodes, aux îles Baléares et enfin en Andalousie en Espagne.

En Europe, on trouve le sucre dans quelques cours royales et boutiques d'apothicaires, les pharmacies de ce temps-là; il est ramené par les rares caravanes qui arrivent d'Orient.
C'est seulement à l'époque des Croisades au Moyen-Age que le sucre se répand réellement en Occident, où il est apprécié comme une épice et un médicament.
Les Croisés ramènent ce fameux roseau sucré jusque dans le sud de la France en passant par la Grèce et la Sicile.

Au XVème siècle, les Espagnols et surtout les Portugais commencent à cultiver la canne dans leurs territoires coloniaux où le climat est favorable : les Iles Canaries, les îles de Madère et du Cap-Vert.

En 1493, lors de son 2ème voyage, Christophe Colomb apporta la canne à Hispaniola (Saint-Domingue) d'où les colons l'ont ensuite introduite en Amérique Centrale et dans les îles du sucre (Cuba, Jamaïque, Martinique, Guadeloupe).

Lien vers une carte de l'itinéraire de la canne à sucre :
http://www.lesucre.com/pop_itineraire.php

L'historien Bartolomé de Las Casas raconte dans son Historia de las Indias, tome I, chap. 83, comment le journal de bord de Christophe Colomb, permet de connaître la façon dont Colomb, embarqué de San Sebastián pour son 2ème voyage, s'arrêta durant deux jours en octobre 1493 à Gomera dans l'île de la Grande Canarie "où il fit l'acquisition de bétail, de fruits et de semences de végétaux comestibles, parmi lesquels étaient des [...] boutures de canne à sucre pour les acclimater dans le Nouveau-Monde".

L'Anonyme de Carpentras, en 1619, le signale sous le nom de "canisi des Indiens, qui sont cannes de sucre dont il y a grande quantité parce qu'elles viennent naturellement partout, et nos Indiens les aiment par-dessus toute autre sorte de fruit à cause de leur douceur. Et lorsqu'ils en veulent faire venir en quelque lieu comme proche de leurs maisons, ils couchent le tronc en terre et il produit bientôt après [...]" (Un flibustier français dans la mer des Antilles, 1618-1620, Seghers, p.134). Sachant que les Indiens Caraïbes étaient de très bons navigateurs et qu'ils navigaient régulièrement dans les Grandes Antilles, on peut penser qu"ils en rapportèrent la canne.

Le Père Breton le confirme dans son dictionnaire Caraïbe-français au mot caniche où il écrit textuellement : "Cane de sucre. Il y a apparence que les Caraïbes tiennent ce plant aussi bien que son nom des espagnols [...]"

Notre canne dite "créole" a beaucoup d'affinité avec la Pooree Cane indienne avec laquelle elle a d'ailleurs été identifiée par les agronomes et les généticiens indiens de la canne à sucre.
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